Ludwig von Beethoven (1770-1827)

 

Sonate pour violon et piano n°9 en la majeur Op.47  «A Kreutzer»  (1803)

 

1-      Adagio sostenuto – Presto

2-      Andante con variazioni

3-      Finale: Presto

 

      La critique n’était déjà pas très tendre à l’égard de cette sonate, estimant que Beethoven «avait poussé le souci de l’originalité jusqu’au grotesque». Dédiée à «l’habile violoniste» Rodolphe Kreutzer rencontré à Vienne en 1798, celui-ci ne la joua cependant jamais en concert, estimant que le public aurait des difficultés à la comprendre. On trouve d’ailleurs dans l’édition originale cette intéressante citation: «scritta in uno stilo molto concertante, quasi come d’un concerto», témoignant de la volonté de proposer quelque chose de vraiment nouveau. C’est aujourd’hui une des sonates les plus connues (avec la n°5 en fa majeur «le printemps ») pour sa profusion d’idées, de contrastes et de force d’un Beethoven ayant pleinement atteint sa période de maturité. Elle a été écrite en plusieurs fois: le dernier mouvement était à l’origine destiné à la 6e sonate en la majeur Op.30 n°1, puis Beethoven le remplaça par un autre et destina le premier à l’Op.47. C’est donc avec un final déjà achevé (en 1802) qu’il entreprit les deux premiers mouvements l’année suivante. Le premier débute par un Adagio confiant les premières mesures au violon solo. Quelques hésitations entre les deux instruments introduisent le thème principal du Presto, énergique, mais rapidement arrêté dans son élan par un point d’orgue. Le mouvement ne démarre vraiment qu’après; un thème secondaire et de brusques ralentissements sauront équilibrer un mouvement plein de vigueur et d’énergie. Le mouvement lent comporte un thème et quatre variations. D’abord exposé au piano seul, sur des accords denses, le thème est alors confié au violon. Le piano se charge de la partie ornementale dans la première variation, ponctué par quelques interventions du violon. Puis, dans la deuxième variation, c’est à celui-ci de varier le thème sur des notes répétées. Changement de mode à la troisième variation (fa mineur) où le violon et un piano aux teintes brahmsiennes se meuvent dans une courbe mélodique s’éloignant de l’idée principale. Enfin la dernière variation, plus brillante, fait alterner les ornementations aux deux instruments sur les batteries régulières du piano. Une coda lente, quasi improvisée, «très schumanienne» (A.Boucourechliev) achève le mouvement. Le Presto final, jugé trop animé pour la 6e sonate Op. 30 n°1 à laquelle il était originellement destiné, est en effet d’une vitalité prodigieuse. Bâti sur le rythme rapide noire/croche, il débute par un accord de la majeur imposant fortissimo au piano, puis le dialogue commence dans un style contrapuntique, puis rapidement concertante, pour reprendre la citation de l’édition originale (voir plus haut). Le rythme longue/brève débouche sur une idée thématique lumineuse, la seule de ce mouvement. Dans la partie centrale, elle est développée et subit diverses modulations: do majeur, ré mineur, mi mineur... L’ interruption Adagio vers la fin ne sert qu’à mieux relancer la course effrénée des deux instruments.