ROUSSEL Albert   (1869-1937)

      

Trio pour flûte, alto et violoncelle en fa majeur   Op.40    (1929) 

 

1-      Allegro grazioso

2-      Andante

3-      Allegro non troppo

 

 

 

            Un des grands compositeurs français entre Debussy et Messiaen, Albert Roussel n’en constitue pas moins un personnage généreux et entier sachant se satisfaire d’une inspiration "naturelle" éloignée de tout avant-gardisme révolutionnaire. Abandonnant la carrière d’officier de marine pour la musique, Roussel affirma son talent assez tard vers 30 ans. Il divisait lui-même sa production en trois grandes parties: la première jusqu’en 1913 influencé par Debussy dont date un premier Trio pour violon, violoncelle et piano (1902). La deuxième, marquée par l’opéra-ballet Padmâvati (1918), qui voit son langage harmonique s’enrichir d’apports exotiques: les modes indous, principalement, rejoignant ainsila tendance ouverte par les expositions universelles dans lesquelles on découvrait des musiques extra-européennes. A partir de la Suite en fa pour orchestre (1926), Roussel porte son langage à maturité. Le Trio pour flûte, alto et violoncelle Op.40 date de cette dernière période: 1929. Achevé en quinze jours, il contient tous les éléments d’une œuvre néo-classique: une forme sonate pour le premier mouvement Allegro graciozo (exposition-développement-réexposition), des échanges aimables entre les instruments, d’une dynamique qui ne cache pas sa parenté avec les maîtres viennois de la fin du XVIIIe siècle. L’originalité réside principalement dans un langage harmonique audacieux, jouant de la bitonalité chère à Milhaud, et de frottements subtils. Un Andante des plus classiques dans son esprit mais combien riche en texture harmonique donne à chaque instrument une part peut-être plus égale, plus contrapuntique aussi, contrairement au premier mouvement où la flûte jouait un rôle de soliste accompagné. L’Allegro non troppo final redonne justement à la flûte ce rôle de soliste. Oscillant entre la forme Rondo et la forme à variations, ce final enjoué va (à l’exception d’un Tranquillo mystérieux où la flûte est accompagnée par les cordes en harmoniques)  accelerando jusqu’à la fin: Poco accellerando, Più Allegro, Presto.